- progrès
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• 1611; « développement » 1532; lat. progressus « action d'avancer », de progredi « aller en avant »1 ♦ Vx Mouvement en avant; action d'avancer.♢ Mod. Avance (d'une troupe, d'une armée). « Il marque, avec de petits drapeaux, les admirables progrès des Russes » (A. Gide). ⇒ progression.♢ Le fait de se répandre, de s'étendre dans l'espace, de gagner du terrain. ⇒ propagation. Les progrès de l'incendie, de l'inondation, d'une épidémie.2 ♦ Littér. Développement, progression dans le temps. ⇒ évolution. « La vie est le progrès continu d'un être qui vieillit sans cesse » (Bergson).3 ♦ Cour. Changement d'état qui consiste en un passage à un degré supérieur. ⇒ augmentation, développement. « La marquise lui faisait remarquer le progrès de ses sentiments » (Diderot). Faire des progrès : progresser. Le progrès du mal, les progrès de la maladie. ⇒ aggravation. Les inquiétants progrès de la criminalité. « Il n'y a point de vrai progrès de raison dans l'espèce humaine parce que tout ce qu'on gagne d'un côté on le perd de l'autre » (Rousseau). Les progrès de l'espèce humaine. ⇒ ascension. « Je crois aux progrès de l'homme sur lui-même » (Balzac).4 ♦ Spécialt Développement en bien. ⇒ amélioration. Progrès résultant d'une évolution, de réformes, d'une révolution. Faire des progrès : avancer, progresser. Cet élève ne fait aucun progrès. — Progrès social. Progrès technique. Les progrès de la médecine.♢ Changement en mieux par lequel on approche d'un but, d'un résultat. Un grand progrès, un progrès sensible vers... ⇒ 1. pas (cf. Bond en avant). — Fam. Il y a du progrès : cela va mieux. — Il, elle est en progrès.5 ♦ (1757; parfois avec une majuscule) Absolt L'évolution de l'humanité, de la civilisation (vers un terme idéal). « La notion classique de progrès [...] suppose une ascension qui rapproche indéfiniment d'un terme idéal » (Sartre). « L'ordre pour base et le progrès pour but » (Comte). — Croire au progrès, nier le progrès. « Le pas collectif du genre humain s'appelle le Progrès. Le progrès marche » (Hugo). — Polit. Parti du progrès. ⇒ progressiste. — Loc. fam. (souvent iron.) On n'arrête pas le progrès ! (pour commenter une innovation, un objet nouveau, une pratique nouvelle).⊗ CONTR. Arrêt, immobilité. Recul; régression; décadence.Synonymes :- cours- marcheTransformation vers le mieux dans un domaine particulier, évolution vers...Synonymes :- développement- essor- évolutionprogrèsn. m.d1./d Avance d'une troupe sur le terrain, au cours d'une opération, d'une campagne. Arrêter les progrès de l'ennemi.|| Extension dans l'espace. Les progrès d'un feu de forêt. Syn. progression.d2./d Fait d'aller plus avant, de s'accroître, de devenir meilleur. Le progrès social.— Faire des progrès: acquérir des connaissances ou des aptitudes nouvelles.d3./d Absol. évolution de la société dans le sens d'une amélioration. Douter du progrès.⇒PROGRÈS, subst. masc.A. —1. a) Vx. Mouvement en avant. Synon. progression. Le progrès du soleil (Ac.). Les enfants sur les plages s'amusent des relatifs progrès des vagues (GIDE, Journal, 1896, p.92).— Domaine milit. Marche en avant; avantage remporté à la guerre. Arrêter le progrès d'un ennemi (Ac.).b) Fait de gagner du terrain. Synon. propagation. Progrès de la sécheresse, de l'incendie, de la désertification, d'une épidémie. Les désastreux progrès de l'érosion des sols sur les pentes parfois infimes des plaines américaines semblent avoir donné raison aux tenants des champs perpendiculaires à la pente (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p.92).c) Au fig. Évolution. Il y a progrès continuel du genre humain vers la vérité, et triomphe incessant de la lumière sur les ténèbres (PROUDHON, Propriété, 1840, p.142).2. Accroissement quantitatif ou intensif d'un phénomène. Les progrès démographiques auraient progressivement multiplié les quartiers les plus petits (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p.156).— En partic. Progrès d'un fléau, de la mort (ou autres subst. du même parad.). Même sens. La pâleur livide du visage (...) annonce les progrès de l'asphyxie (BRETONNEAU, Inflamm. tissu muqueux, 1826, p.305). Tous les efforts que vous ferez pour résister ne serviront qu'à accélérer les progrès du mal (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.336). Il est vrai que très peu d'animaux tuberculeux succombent aux progrès de la maladie (NOCARD, Tubercul. bovine, 1903, p.5).B. —1. Processus évolutif orienté vers un terme idéal. Synon. amélioration, avancement, développement, perfectionnement. Être à la pointe du progrès, en voie de progrès; progrès indéfini de l'homme; progrès moral, spirituel; progrès des lettres, des lumières. Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (titre de Condorcet, 1794). Les progrès considérables de la médecine permettant de lutter avec efficacité contre la mort (Tiers Monde, 1956, p.170). V. dogme ex. de Sorel:• 1. Nous n'avons pas davantage à nous arrêter à une autre cause du progrès de l'irréligion, souvent mise en avant depuis Voltaire, à savoir le progrès des lumières et des sciences.Théol. cath. t.4, 1 1920, p.761.SYNT. Progrès évident, marquant, rapide, sensible, sérieux, tangible; accomplir, constater, enregistrer, réaliser, remarquer, observer des progrès.♦Progrès technique. ,,Amélioration des moyens de production, grâce surtout au perfectionnement des machines et à la mécanisation du travail`` (FOULQ. Sc. soc. 1978). Le progrès technique consiste à épargner à l'artisan le plus possible de travail manuel (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.147). Si le développement industriel au XIXe siècle a fortement contribué à prolétariser le monde ouvrier, le progrès technique est aujourd'hui un facteur considérable de progrès humain (Univers écon. et soc., 1960, p.52-8).♦Progrès économique, social. [La tendance] qui porte à rechercher l'accord plus que la lutte ou, du moins, la coopération pratique, en dépit des inévitables controverses d'opinions, entre toutes les forces spirituelles vivantes, pour le bien commun des âmes, pour le progrès social (WEILL, Judaïsme, 1931, p.200). Le progrès social n'est pas la cause du progrès économique mais sa conséquence. Tel est le principe que Karl Marx a aperçu le premier et dont il a bien marqué l'importance (FOURASTIÉ, Gd espoir du XXes., 1969, p.324). V. dogme ex. de Sorel.2. Le plus souvent au plur. Perfectionnement des connaissances, en particulier scolaires. Céleste est en grands progrès (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, III, 1, p.19). [Le maître d'étude] contribue largement au succès de l'enfant, à ses progrès et à sa formation (Encyclop. éduc., 1960, p.133):• 2. Nous étions du même âge mental: j'avais sept ans et je savais lire, il en avait douze et ne savait pas parler. On disait qu'il était à ses débuts, qu'il avait des progrès à faire...SARTRE, Mots, 1964, p.100.— Locutions♦(Il) y a du progrès (fam.). ,,Cela va mieux`` (ROB.).♦Faire des progrès à l'envers. ,,Être moins compétent, régresser dans ses connaissances`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).C. —Absol. [Comme mot de civilisation, le plus souvent avec une majuscule] Évolution de l'humanité vers un terme idéal. Anton. décadence, régression. Mythe du progrès. Mais à aucune époque de la civilisation le Progrès n'implique une métamorphose comme celles qu'on rêvées les faiseurs d'utopie (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.372). Ce jour-là vous adopterez (...) comme point de départ absolu et nécessaire du Progrès, l'enseignement gratuit et obligatoire (HUGO, Corresp., 1864, p.473). La situation économique, richesse ou pauvreté, est l'un des grands ressorts de la vie dont elle détermine le mouvement dans le sens du progrès ou de la régression (LE CORBUSIER, Charte Ath., 1957, p.4):• 3. L'apparition d'une ou de plusieurs industries change, dit-on couramment, l'«atmosphère» d'une époque, crée un «climat» favorable à la croissance et au progrès.PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.148.— POL. Homme(s), gens de progrès (ou autres subst. du même parad.). Personne ouverte aux idées de progrès. Libéral, républicain de progrès. En somme, les radicaux sont gens de progrès (A. GAYET DE BONNEVILLE ds HUGO, Actes et par., 2, 1875, p.14). Lorsqu'il se produit une grève, c'est bien autre chose: les bonnes âmes du pays, les gens de progrès et les amis de la République se mettent à discuter la question de savoir qui des deux parties a raison (SOREL, Réflex. violence, 1908, p.84):• 4. La réputation de ce livre inspire un tel effroi que, si vous en parlez même aux femmes «dites du progrès», elles vous répondront avec un mouvement d'horreur: —Oh! c'est un très mauvais livre!Fl. TRISTAN, Promenades dans Londres ds OEuvres et vie mêlées, Paris, [éd.] Desanti, 1973 [1839], p.54.— Expr. [Pour exprimer qu'un processus ne peut être stoppé] On n'arrête pas le progrès (Lar. Lang. fr.).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: -grés; dep. 1740: -grès. Étymol. et Hist.1. a) 1546 «développement, avancement dans une action» (RABELAIS, Le Tiers Livre, XXV, éd. M. A. Screech, p.185); spéc. au plur. 1616 «suite de succès militaires» (D'AUBIGNÉ, Les Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.231); b) 1611 «mouvement en avant dans l'espace» (COTGR.); 2. 1564 «accroissement par degré, amélioration» (THIERRY: faire de grands progretz); 1651 «avancement dans l'affection de quelqu'un» (CORNEILLE, Nicomède, III, 3); 3. 1588 «transformation graduelle vers le mieux» (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.497: le progrez de ses estudes); 1644 philos. progrès à l'infini (DESCARTES, Méditations, III, 21 ds LITTRÉ); 4. 1757 «mouvement en avant de la civilisation vers un état de plus en plus florissant» (MIRABEAU, Popul., p.240 cité ds BRUNOT t.6, p.110, note 1). Empr. au lat. progressus «marche en avant; développement des choses; accroissement», dér. de progredior «aller en avant». Fréq. abs. littér.:5560. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 8835, b) 8033; XXes.: a) 6608, b) 7827. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.385. — MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.183-184. — THIELE (J.). Bemerkungen zum gesellschaftspolitischen Wortschatz... Beitr. rom. Philol. 1981, t.20, p.291. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.294.
progrès [pʀɔgʀɛ] n. m.ÉTYM. 1532, « développement »; lat. progressus « action d'avancer », de progressum, supin du v. progredi, de pro-, et gradi « marcher, s'avancer ».❖1 Vx. Mouvement en avant; action d'avancer. ⇒ Avancement, marche. || « Le progrès journalier du soleil » (Académie 1694).♦ Mod. Avance (d'une troupe, d'une armée). — REM. Ne s'emploie guère qu'au pluriel dans ce sens. ⇒ Progresser, progression.1 (…) la grande carte de Russie qu'il a épinglée sur un mur de sa chambre et sur laquelle il marque, avec de petits drapeaux, les admirables progrès des Russes.Gide, Journal, 7 févr. 1943.♦ Par métaphore, vx. Dans le langage galant. (→ Arme, cit. 34, Molière; galant, cit. 14, Molière; et aussi ci-dessous, 5.).♦ Le fait de se répandre, de s'étendre (dans l'espace). ⇒ Gagner (du terrain), propagation. || Les progrès de l'incendie, de l'inondation, d'une épidémie. — Par métaphore. || Les progrès de la contagion (→ Foyer, cit. 22).2 Littér. Développement, progression dans le temps. ⇒ Évolution (→ Immanquable, cit. 1). || Le progrès de l'âge (→ Figure, cit. 14). || Un progrès inévitable que la mort seule pouvait arrêter (→ Dépérissement, cit. 1). || Le progrès de l'éducation d'un enfant (→ Maintenir, cit. 9, Rousseau), son cours. ⇒ Procès, processus.2 L'amour veut faire tout son progrès lui-même; il n'aime point que l'amitié lui épargne la moitié du chemin.Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, II.3 Considérée dans le temps, elle (la vie) est le progrès continu d'un être qui vieillit sans cesse : c'est dire qu'elle ne revient jamais en arrière, et ne se répète jamais.H. Bergson, le Rire, II.♦ Philos. || Progrès à l'infini, par lequel l'esprit passe nécessairement d'un terme à un terme nouveau, ad infinitum (cf. Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 4).3 (1564). Cour. a (Qualifié). Changement d'état qui consiste en un accroissement (le plus souvent régulier, graduel) d'action, de force, d'intensité ou d'importance, en un passage à un degré supérieur. ⇒ Augmentation, développement (→ aussi De plus en plus). || Les progrès de l'étatisme (→ Inquiétant, cit. 2), de la laïcité (cit. 1). || Progrès d'un sentiment, d'une pensée. ⇒ Approfondissement. || Faire des progrès. ⇒ Progresser.4 La marquise lui faisait remarquer le progrès de ses sentiments, et lui en familiarisait le terme, sous prétexte de lui en inspirer de l'effroi.Diderot, Jacques le Fataliste, Pl., p. 621.b (Non qualifié). Développement en mal. ⇒ Aggravation. || Le progrès du mal, les progrès de la maladie (→ Enterrer, cit. 15; graphique, cit. 3). || Le progrès d'un abcès. ⇒ Maturation.♦ (Plus cour.). Développement en bien. ⇒ Amélioration, amendement (vx), avancement, développement, essor, perfectionnement. || Faire un progrès, des progrès. ⇒ Avancer, progresser. — Le progrès de la matière vivante consiste dans… (→ Différenciation, cit. 1). ⇒ Évolution (→ aussi Différencier, cit. 8). || L'apparition de la pensée (cit. 13) a marqué un nouveau et prodigieux progrès de la vie. — Les progrès de l'homme, de l'espèce humaine. ⇒ Ascension, cheminement (→ Homme, cit. 29; luxe, cit. 3). || Le progrès, les progrès de l'esprit humain (→ Accroissement, cit. 2; américanisme, cit., Renan; histoire, cit. 5, Voltaire; 1. moule, cit. 4). || Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, de Condorcet (1794). — Le progrès des institutions libres (→ Grandeur, cit. 9). — Progrès résultant d'une évolution, de réformes, d'une révolution… || Le progrès de la culture, des lumières (infra cit. 33). || Progrès d'ordre culturel (cit. 1). || Le progrès des lettres (→ 1. Or, cit. 31), des sciences (→ Conjuration, cit. 7; intuitif, cit. 3; invention, cit. 5; matérialisme, cit. 2). || Le progrès des sciences et des arts (→ Mœurs, cit. 3, Rousseau). || Le progrès de la mécanique (cit. 6). || Progrès qui reprend, dans un domaine. ⇒ Renaissance, résurrection (fig.). — Progrès social. || Théorie générale du progrès économique, de F. Perroux. || Progrès technique (par introduction de nouvelles techniques, accroissement de la productivité…).5 De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit (…)Pascal, Fragments, Traité du vide, p. 80.6 (…) il n'y a point de vrai progrès de raison dans l'espèce humaine, parce que tout ce qu'on gagne d'un côté on le perd de l'autre (…)Rousseau, Émile, IV.7 Je ne partage point la croyance à un progrès indéfini, quant aux Sociétés; je crois aux progrès de l'homme sur lui-même.Balzac, Avant-propos, Pl., t. I, p. 12.8 Tout progrès effectif, dans le domaine de la connaissance comme dans celui de l'action, a exigé l'effort persévérant d'un ou de plusieurs hommes supérieurs. Ce fut chaque fois une création, que la nature avait sans doute rendue possible en nous octroyant une intelligence dont la forme dépasse la matière, mais qui allait pour ainsi dire au delà de ce que la nature avait voulu.H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 179.4 (1757; parfois avec un P majuscule). || Le progrès, le Progrès : l'évolution de l'humanité, de la civilisation (vers un terme idéal) → Bienfait, cit. 15, Valéry; marcher, cit. 38, Hugo. || « L'ordre (cit. 29) pour base et le progrès pour but » (Comte). || Progrès et civilisation (→ Effronté, cit. 8). — Croire au progrès (→ Inébranlable, cit. 10), nier le progrès. || Le culte du progrès, au XIXe siècle (surtout en parlant du progrès scientifique et technique. → Miracle, cit. 8, Baudelaire). || Partisan (cit. 1) du progrès (→ Morcellement, cit. 1). || Homme de progrès. ⇒ Progressiste (→ Départ, cit. 6; gouverner, cit. 30). || Incarner (cit. 6) le progrès. || Refuser le progrès. ⇒ Immobilisme. — Périodes (cit. 3), phases de progrès et de régression. || Pays à l'écart du progrès. ⇒ Arriéré, attardé (→ aussi Oublier, cit. 10). — Le progrès, en politique. || Se réclamer du progrès. || Parti du progrès. ⇒ Mouvement; progressiste.9 Le Progrès, un de ces mots derrière lesquels on essayait alors de grouper beaucoup plus d'ambitions menteuses que d'idées (…)Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 659.10 Le progrès est le mode de l'homme. La vie générale du genre humain s'appelle le Progrès; le pas collectif du genre humain s'appelle le Progrès. Le progrès marche (…)Hugo, les Misérables, V, I, XX.11 Si une nation entend aujourd'hui la question morale dans un sens plus délicat qu'on ne l'entendait dans le siècle précédent, il y a progrès; cela est clair… Si les denrées sont aujourd'hui de meilleure qualité et à meilleur marché qu'elles n'étaient hier, c'est dans l'ordre matériel un progrès incontestable. Mais où est, je vous prie, la garantie du progrès pour le lendemain ? Car les disciples des philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques l'entendent ainsi : le progrès ne leur apparaît que sous la forme d'une série indéfinie.Baudelaire, Curiosités esthétiques, V, I.12 Je me suis essayé autrefois à me faire une idée positive de ce que l'on nomme progrès. Éliminant donc toute considération d'ordre moral, politique, esthétique, le progrès me parut se réduire à l'accroissement très rapide et très sensible de la puissance (mécanique) utilisable par les hommes, et à celui de la précision qu'ils peuvent atteindre dans leurs prévisions.Valéry, Regards sur le monde actuel, Sur le progrès, p. 172.13 (…) la notion classique de progrès (…) suppose une ascension qui rapproche indéfiniment d'un terme idéal.Sartre, Situations III, p. 53.♦ ☑ Loc. fam. (souvent iron.). On n'arrête pas le progrès ! (pour commenter une innovation, un objet nouveau, une pratique nouvelle…).5 Spécialt (d'une personne, d'une entreprise…). Amélioration, changement en mieux par lequel on approche d'un but, d'un résultat. a Rare. Le progrès (de qqn). ☑ Loc. cour. (1651). En progrès. || Il, elle est en progrès.14 (Bouilhet), est en progrès évident. Jamais il n'a été si crâne de forme, ni si élevé d'idées.Flaubert, Correspondance, 396, 2 juin 1853.♦ ☑ Fam. Il y a du progrès : cela va mieux.b (Un, des progrès). || Qui ne fait aucun progrès. ⇒ Stagnant, stationnaire. || Le progrès des travaux. ⇒ Avancement. || Un grand progrès, un progrès sensible vers… ⇒ Pas.♦ Spécialt. || Faire des progrès dans une connaissance (→ Exprimer, cit. 41; 1. pair, cit. 15). || Les progrès d'un élève (→ Contention, cit. 4; négliger, cit. 8).15 Ses progrès en musique ont été surprenants; maintenant elle tient l'orgue de la chapelle chaque dimanche (…)Gide, la Symphonie pastorale, II, 10 mai.♦ ☑ Fam. Faire des progrès à l'envers : régresser dans le savoir, les connaissances, la compétence.❖CONTR. Arrêt, immobilité. — Recul, régression, rétrogradation. — Abrutissement, barbarie, corruption, décadence.DÉR. Progresser.
Encyclopédie Universelle. 2012.